SYNDICAT

Troisième grève en six ans dans un Ehpad francilien

06/11/2023

À Courbevoie, une partie du personnel d’un Ehpad du petit groupe commercial Mapad vient de mener une grève d’une semaine. Les revendications concernent notamment une augmentation salariale de 200 € et la formation des “faisant fonction”. La grève, arrêtée le 2 novembre, pourrait reprendre si la direction ignore les demandes des salariés.

Depuis la fin du Covid, les conflits locaux dans les Ehpad se multiplient (lire l’encadré en fin d’article). Les déclencheurs varient d’un établissement à l’autre, mais on retrouve très souvent les ingrédients suivants : dégradation des conditions de travail, absence de reconnaissance des efforts des personnels, salaires de misère, tensions dans l’Ehpad, etc…

Salariés en danger

Illustration, ces derniers jours, à Courbevoie (Hauts-de-Seine), non loin des tours de La Défense. Une douzaine de salariées (dont un seul homme), vêtues de la chasuble orange de la CFDT, forment le cortège de grève autour d’une banderole “Salariés en danger”.

Nous sommes à l’entrée de l’Ehpad L’Union belge, appartenant au petit groupe commercial Mapad (1), qui gère une douzaine d’établissements médico-sociaux. Le jeudi précédent, le 26 octobre, 26 salariées ont voté la grève (soit environ la moitié des effectifs).

Grève en 2017

L’Ehpad est d’une certaine manière habitué aux conflits sociaux. En 2017, expliquent les grévistes, la grève avait duré trois jours. Le « grand patron » Gérard Sitbon s’était déplacé d’Israël, où il vit, pour régler le conflit. Une démarche de poids pour les salariées, qui se sont senties reconnues. Elles avaient alors obtenu une prime de 650 euros pour chaque salarié. Ainsi que la création de postes volants d’aides-soignantes (pour absorber les surplus d’activité quand l’établissement compte plus de cent résidents). Avec ces acquis, le travail avait repris.

Nouvelle convention collective

En arrière-plan de cette première mobilisation grondait un mécontentement social lié au rachat de l’établissement par la Mapad à une congrégation belge. “Avant on se référait à la convention collective de 1951 et les nouveaux patrons ont commencé à appliquer la convention de 2002, moins avantageuse”, rapporte Betty Motingia, la très déterminée déléguée syndicale. Survient la crise sanitaire du Covid et tout le monde fait front. Aucun décès n’est à déplorer dans cet établissement qui peut compter jusqu’à 104 résidents. Beaucoup de précautions avaient été prises, nous dit-on, même si on reconnaît que le facteur chance a joué.

Nouvelle grève en 2022

En mai 2022, les salariées se mettent en grève pendant trois jours. “La direction avait changé et tout ce qui avait été obtenu lors de la première grève n’était pas forcément appliqué”, déplorent les syndicalistes. Dans le protocole signé au printemps 2022 entre les deux parties, plusieurs points précis sont notifiés : recrutement de deux aides-soignants en CDI, augmentation de 75 € pour chaque CDI, étude des charges de travail, réalisation d’entretiens professionnels devant déboucher sur la réalisation d’un plan de formation professionnelle, etc.

Économies de bout de chandelle

Y figurent même des points apparemment plus anecdotiques comme la fourniture de “80 tenues de travail anonymisées”, mais un an après, cette question, simple à première vue, pose encore problème. “On a toutes des blouses professionnelles uniformes qui ne permettent pas de distinguer les différentes fonctions et qui ne sont pas souvent remplacées. Ce sont vraiment des économies de bout de chandelle”, soupirent les grévistes.

Jamais deux sans trois

Si le mouvement a repris fin octobre, c’est parce que les professionnelles ont le sentiment que les promesses n’ont pas été tenues. “Sur les deux postes d’aides-soignantes promis, un seul a été créé”, souligne Betty Motingia. Une assertion contestée par la nouvelle directrice (depuis juin 2023), Elisa Petitbois : “Depuis un an, cinq postes d’aides-soignantes ou auxiliaires de vie ont été pourvus”, assure-t-elle. Elle explique que son Ehpad, comme tant d’autres, éprouve de grosses difficultés de recrutement et qu’un poste en CDI est vacant. D’autre part, les grévistes déplorent l’absence de programme conséquent de formation pour permettre aux divers “faisant fonction” d’évoluer. La nouvelle directrice nous explique qu’elle mettra en place en 2024 un plan de formation annuel qui permettra de répondre à un maximum de demandes (en tenant compte des nécessités de planning).

Tensions personnelles

Enfin, une infirmière gréviste souligne qu’à chaque service, elles ne sont que deux au lieu de trois. Une revendication que comprend la directrice : “Nous espérons une révision de la coupe Pathos par l’agence régionale de santé (ARS) en 2024, qui pourrait nous permettre de financer davantage d’infirmières”, explique Elisa Petitbois. Reste que le climat semble tendu dans cet Ehpad. Deux membres de la direction sont jugés brutaux dans leur communication. Les grévistes envisagent de lancer une pétition pour ne plus travailler avec eux. Plus généralement, le climat ne semble pas à la confiance. La forte instabilité des cadres de l’Ehpad n’aide pas à l’apaisement.

Bonne volonté

Le 2 novembre, lors de la négociation, le directeur d’exploitation a demandé la reprise du travail pour examiner la demande d’augmentation de 200 €. Les salariées ont accepté pour montrer leur bonne volonté. “Mais, prévient Betty Motingia, si nous n’avons pas de réponse favorable à notre demande mercredi 8 novembre, nous nous remettrons en grève. Nous sommes déterminées”.

(1) Le 30 octobre, des salariées d’un Ehpad de Bezons (Val-d’Oise) appartenant au groupe Mapad, ont débrayé une heure pour dénoncer leurs conditions de travail (lire l’article du Parisien).

D’autres Ehpad en grève 
  Ces dernières semaines, plusieurs établissements se sont mis en grève : À l’Ehpad Korian des Amandiers (Paris 20e), une semaine de grève a débouché le 30 octobre, rapporte le quotidien L’Humanité, sur l’annulation des suppressions de postes prévues par la direction. Des moyens nouveaux doivent être accordés à cet établissement qui, selon la CGT, souffre d’une grave pénurie de personnels. À l’Ehpad (associatif) d’Onesse-et-Laharie (Landes), le 30 octobre, 38 des 42 salariées se sont mises en grève, explique France 3 Régions. Elles réclament des augmentations de salaire, protestant contre les différences avec le public (300 à 400 euros selon elles). La directrice, qui soutient son équipe, demande à la Fehap, à laquelle adhère l’association gestionnaire, d’augmenter le point d’indice des salariés.

Noël Bouttier

La CGT revendique la régularisation des travailleurs sans papiers

06/11/2023

Alors que commence aujourd’hui au Sénat l’examen en séance publique du projet de loi relatif à l’immigration, la CGT exprime son opposition au durcissement des conditions d’obtention de titres de séjour dans le cadre du droit d’asile et d’accès au regroupement familial. Selon le syndicat, 650 travailleuses et travailleurs immigrés sans titre de séjour se sont mis en grève avec la CGT sur 33 sites répartis sur l’ensemble de la région parisienne. La CGT “tient à réaffirmer, à l’occasion de ce débat parlementaire, que celles et ceux qui travaillent ici, quel que soit leur statut, intérimaire ou CDI, quel que soit leur métier ou le secteur professionnel, doivent se voir remettre un titre de séjour leur permettant de bénéficier de tous les droits sociaux pour lesquels ils cotisent et de vivre en toute liberté en France. C’est une question d’égalité et de justice sociale”. Des militants CGT se réuniront demain, mardi 7 novembre, à partir de midi au carrefour de l’Odéon, pour manifester jusqu’au Sénat.

Source : actuel CSE

La CFE-CGC veut relancer l’observatoire du stress chez Orange

08/11/2023

Le syndicat CFE-CGC d’Orange, qui se dit inquiet devant la multiplication des annonces de projets de réorganisations et de fermetures “dans le contexte d’un plan immobilier visant à diviser par deux le nombre de sites tertiaires d’ici 2025”, vient d’envoyer un courrier aux autres syndicats afin de leur proposer de relancer l’Observatoire du stress, qui avait été créé en 2007 par la CFE-CGC et SUD. Le syndicat de cadres, qui évoque “deux drames survenus en septembre”, affirme que “les méthodes managériales pratiquées par les nouveaux dirigeants ressemblent fortement aux pratiques mises en œuvre en 2006, avec les projets d’ACT et NEXT”, des restructurations basées sur des départs forcés qui ont entraîné une vague de suicides et la condamnation pénale de certains dirigeants.

“Deux drames sont intervenus cette première quinzaine de septembre, écrit la CFE-CGC. Même s’il convient par prudence d’attendre le résultats des expertises externes pour en conclure à un lien avec l’environnement professionnel, cela ne peut manquer de nous interpeller et en particulier au regard de ceux intervenus au premier trimestre. Il est de notre responsabilité en tant qu’organisations syndicales, de ne pas laisser se reproduire des phénomènes qui pourrait conduire nos collègues, à se retrouver dans les situations de risques psychosociaux avec une forte augmentation du stress. Face à ce que l’on peut considérer comme une forme de violence sociale – comme la volonté d’utiliser le principe de la mobilité forcée pour les fonctionnaires – nous vous proposer de réactiver ensemble l’Observatoire du stress et des mobilités forcées dont les travaux ont permis de mettre en lumière les agissements dévastateurs des précédents dirigeants”. 

Source : actuel CSE

La CFDT et l’Unsa appellent à manifester dimanche contre l’antisémitisme

10/11/2023

“La CFDT ne peut admettre que des Juifs soient visés parce que juifs et se sentent menacés et agressés, comme elle ne l’admettra jamais pour quiconque, quelle que soit sa religion. (…) La CFDT s’est toujours soulevée contre l’antisémitisme et toutes les formes de discriminations et de ségrégation de populations en raison de leur religion ou de leur origine”, affirme le communiqué diffusé par la CFDT mercredi 8 novembre. le syndicat rejoint donc l’appel initié par le Président du Sénat Gérard Larcher et la Présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet. L’Unsa a pris la même position : “L’extrême droite, faut-il le rappeler, n’a jamais été l’amie des juifs ni des musulmans et l’Unsa continuera à la combattre. Marchons et manifestons tous les jours notre unité républicaine face aux porteurs de haine et de morts”, affirme le communiqué de Laurent Escure. Côté CGT, on a préféré rejoindre le rassemblement organisé dans la soirée du jeudi 9 novembre par le Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes, devant le gymnase Japy, dans le 11e arrondissement de Paris, où la police de Vichy a raflé des personnes juives en 1941.

Source : actuel CSE