Amir Reza-Tofighi est élu président de la CPME
22/01/2025
Le favori l’a donc emporté : Amir Reza-Tofighi a été élu hier par l’assemblée de la CPME à la présidence du syndicat patronal des PME, avec 65,4% des voix. Il succède à François Asselin.
“Chef d’entreprise dans le secteur des services à la personne et créateur de plusieurs entreprises dans la tech, Amir Reza-Tofighi est le plus jeune dirigeant à être porté à la présidence de la CPME, première organisation patronale interprofessionnelle française en nombre d’entreprises adhérentes, souligne la CPME. Amir Reza-Tofighi, qui est fils de réfugiés politiques iraniens, s’est engagé hier à “porter le combat des valeurs qui sont celles de notre Confédération : le travail, l’effort, le mérite, la responsabilisation et la prise de risques”.
Durant la campagne interne à la CPME, le nouveau président s’est engagé en faveur d’une “réduction drastique du code du travail”, d’une adaptation du CSE, d’un passage des obligations des entreprises de 50 salariés au seuil de 100 salariés, ou encore d’un allègement de la loi sur l’index égalité professionnelle F/H “pour les entreprises de moins de 100 salariés”.
Source : actuel CSE
Élections des chambres d’agriculture : dernière étape pour la représentativité syndicale
24/01/2025
Du 15 au 31 janvier se tiennent les élections des représentants dans les chambres d’agriculture. À l’instar des élections CSE et TPE, elles participent au calcul de la représentativité nationale. Les syndicats portent donc cet enjeu en plus des droits sociaux des salariés agricoles et font face à de nombreuses difficultés concrètes dans l’organisation du scrutin.
Après les élections CSE et les élections TPE, voici venu le temps des élections des représentants des chambres d’agriculture. Un scrutin particulier qui réunit les votants sur dix collèges, des chefs d’exploitation aux sociétés coopératives. Les propriétaires agricoles, c’est-à-dire les “patrons” sont donc également électeurs. Côté syndical, les résultats des collèges 3A et 3B seront scrutés car ils correspondent aux salariés de la production et des groupements professionnels agricoles. Rappelons que sur cette élection, les cadres ne disposent pas de leur propre collège, ce qui convient très bien à la CFE-CGC de Bernard Sire : « Nous ne souhaitons pas de collège cadre, car nous serions exclus des négociations sur les non-cadres ».
Autre particularité, certains salariés du secteur votent plusieurs fois : aux élections CSE pour élire leurs représentants en interne (les chambres d’agriculture emploient 8 000 salariés), ainsi qu’aux élections agricoles pour élire leurs représentants au sein des chambres (en collège 3B), et enfin pour élire les délégués cantonaux dans les mutuelles sociales agricoles (MSA). Rappelons qu’au niveau des chambres d’agriculture, un accord signé par la CFDT et la CFE-CGC a d’ailleurs été conclu en 2023 afin d’augmenter le nombre de CSE de plus de 50 salariés disposant de davantage de prérogatives.
Le scrutin est également l’occasion pour les fédérations syndicales de porter les revendications des salariés dont les conditions de travail sont souvent difficiles, et qui incluent de nombreux saisonniers et travailleurs étrangers parfois sans papiers.
Remettre les salariés agricoles au centre
Crises agricoles obligent, les images des tracteurs et autres barrages tenus par les exploitants font parfois oublier le sort de leurs salariés. Or, cette élection des représentants aux chambres d’agriculture est aussi la leur. Les organisations syndicales tentent donc de les remettre au centre de ce scrutin. “Ce sont les grands invisibles alors qu’ils font vivre le secteur et que les propriétaires n’attendent que des baisses de normes sociales”, s’indique Diane Grandchamp, secrétaire de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière de la CGT, arrivée en tête lors du précédent scrutin de 2019.
Laurent Rescanières, secrétaire général de la Fédération Générale des Travailleurs de l’Alimentation (FGTA) de Force Ouvrière déplore que “cette élection soit vue sous le prisme unique des exploitants agricoles, alors que le secteur emploie plus d’un million de salariés”. Il rappelle également que ces derniers “subissent une crise agricole qui n’est pas de leur fait, si les exploitations fonctionnent, c’est grâce à leurs salariés”. Le secrétaire général de FO Frédéric Souillot déplore aussi qu’en pleine crise agricole, l’exécutif reçoive les syndicats patronaux (FNSEA, Coordination Rurale…) sans prendre la peine de rencontrer leurs homologues chez les salariés.
Salaires et conditions de travail
Diane Grandchamp (CGT) rapporte des cas de salariés n’ayant accès ni aux toilettes ni à des salles de repos sur l’exploitation dans laquelle ils travaillent. De plus, le monde social agricole recèle cette spécificité au détriment des salariés : ils sont régis par le code rural, largement dérogatoire au code du travail en particulier sur le temps de travail et le repos dominical. Diane Grandchamp conteste aussi l’exclusion des travailleurs étrangers qui n’ont pas le droit de voter : “Seuls peuvent voter les salariés qui ont cumulé trois mois d’activité et sont issus de pays appartenant à la Communauté européenne”.
À la CFDT, Benoît Delarce tient à rappeler que “les situations très difficiles ne sont pas généralisées, il y a aussi des endroits où ça se passe bien”. Il porte particulièrement les sujets environnementaux liés à l’agriculture “car l’impact des cultures sur la santé, cela concerne non seulement les salariés mais aussi les riverains et tous les citoyens”. Benoît Delarce a mené une enquête avec un collectif d’employeurs « Vignerons Engagés » sur les risques professionnels liés à la santé et au climat dans la filière viticole.
La CFTC porte aussi une meilleure prise en compte de l’impact des décisions politiques sur les salariés : “Quand on interdit l’usage de produits phytopharmaceutiques pour des raisons environnementales et sanitaire, c’est très bien mais il faut aussi étudier l’impact sur les conditions de travail. Si c’est pour demander aux salariés de désherber à la main, ce n’est pas la peine”, explique Pierre Jardon.
FO déplore des conditions de travail parfois indignes “proches de la traite d’êtres humains”. Laurent Rescanières dénonce avec force “des salariés mal ou pas logés et à qui on ne donne rien à boire”. Avec Sébastien Busiris, de la fédération des employés et cadres de FO, il veut donc “prendre à bras le corps les revendications des salariés agricoles qui votent pour élire leurs représentants”. FO a aussi récemment mis à jour son cahier revendicatif dédié aux saisonniers et déplore que le patronat refuse de prendre en compte l’inflation dans les revalorisations salariales.
Côté salaires, différentes branches de l’agriculture tentent de renégocier les grilles, avec plus ou moins de succès. Des accords ont été conclus dans les mutuelles sociales agricoles (MSA, 3,5 %) et sur les établissements forestiers (2 %). Néanmoins, FO déplore qu’aucun accord n’ait été trouvé dans la production agricole qui conserve trois niveaux de grille inférieurs au Smic. Selon Benoît Delarce (CFDT), les discussions se poursuivent sur l’accouvage et le secteur des paysages.
À la CFE-CGC, Bernard Sire réclame de meilleures rémunérations pour les salariés dont les mauvais traitements rejaillissent sur les encadrants : « Nous sommes pour la bonne marche des entreprises agricoles, c’est ce qui nous caractérise. Il faut de bons salaires mais aussi des primes. Si les salariés sont mal payés, c’est aux encadrants de gérer tout ça. Nous avons aussi pénurie de main d’œuvre, et les encadrants doivent alors compléter les effectifs ».
Une abstention majoritaire et des listes électorales minées
Comme aux scrutins TPE (plus de 95 %) et CSE (autour de 61 %), l’abstention arrive souvent en tête des élections. Le scrutin des chambres d’agriculture n’y échappe pas, avec une participation (sur le collège salarié 3A) de 16,1 % en 2013 et 10,2 % en 2019. Il permet pourtant aux salariés agricoles d’avoir des représentants dans les conseils d’administration des chambres d’agriculture et donc de porter leurs intérêts sur tous les sujets du secteur, notamment les conventions collectives.
Selon Diane Grandchamp (CGT), “l’abstention est due à l’établissement des listes par la MSA qui manque cruellement de moyens tellement ils ont supprimé d’emplois”. A FO, on pointe également la responsabilité du vote électronique puisque les salariés agricoles ne sont pas équipés d’ordinateurs. La FGTA-FO a également demandé au ministère de l’agriculture de permettre aux salariés de se connecter avec le système France Connect, ce que le ministère a refusé sans explication.
Pour la CFTC, Pierre Jardon souligne que 90 % des exploitations sont des TPE, ce qui participe de l’éloignement entre les salariés et les syndicats. « Nous nous rendons sur les petits salons agricoles afin de rencontrer les salariés. Nous avons aussi à cœur de ne pas opposer employeurs et salariés mais de trouver les bons équilibres ».
La CGT dénonce aussi de sérieuses difficultés liées au renvoi des courriers contenant le matériel de vote lorsque l’électeur n’habite pas à l’adresse indiquée : « Les enveloppes retournent direct aux chambres d’agriculture, c’est-à-dire entre les mains du patronat. Nous en avons parlé aux préfectures qui donnent l’ampleur des dégâts mais nous n’avons pas de retour ».
Les syndicats accusent également le système des dates d’arrêt des listes au 30 juin de l’année précédant le scrutin, ce qui contribue à exclure des saisonniers. La CGT a lancé des recours juridiques contre la Coordination Rurale (syndicat patronal) qui aurait selon Diane Grandchamp tenté de déposer des listes dans les collèges salariés. FO s’insurge contre des exploitants refusant de libérer les salariés pour le vote, ainsi que le problème des électeurs sans adresse de domicile, et donc les courriers arrivent directement sur le lieu de travail… Les fédérations et les unions départementales se sont donc mobilisées sur le terrain, en particulier dans les régions viticoles (Bordelais, Bourgogne, Champagne) afin de monter des listes propres et toucher des électeurs supplémentaires.
Les résultats à ces élections des chambres d’agriculture permettront de consolider les mesures d’audience des confédérations qui seront communiquées par la Direction générale du travail en avril 2025. Selon la DGT, les arrêtés de représentativité seraient publiés entre juin et décembre.
Marie-Aude Grimont