[Film] “L’Usine, le bon, la brute et le truand” : un docu social au plus près des élus du personnel

09/01/2024

“L’Usine, le bon, la brute et le truand” est sorti en salles mercredi 3 janvier. Ce docu social montre le combat des trois élus du personnel de Chapelle Darblay pour sauver la dernière usine française à fabriquer du papier journal recyclé. Ce film efficace et sensible braque ses projecteurs sur l’utilité du combat syndical et la détermination des élus.

C’est le match de David et Goliath, le pot de terre contre le pot de fer. D’un côté, trois élus du personnel défendant leur usine, enracinés dans leur histoire professionnelle, leur territoire, leurs missions syndicales. De l’autre, une société finlandaise, UPM, propriétaire du site. En 2019, elle décide de tout vendre et de licencier les 217 salariés. Le trio d’élus s’oppose alors au projet de reprise sous la forme d’une entité de production d’hydrogène. Ils veulent continuer de recycler du papier, leur papeterie, ils y tiennent ! Les salariés renvoyés chez eux, ils engagent la partie depuis un préfabriqué d’un autre âge : le local partagé entre le syndicat CGT et le CSE. Le tout donne un excellent documentaire social sorti en salles depuis le 3 janvier.

Derrière la caméra œuvre la réalisatrice et productrice Marianne Lère Lafitte, déjà connue pour son documentaire en deux volets “Vive le travail” diffusé sur Arte. Elle découvre la situation des papetiers de Chapelle (“les pap-chap”) au printemps 2021 et décide de les suivre au quotidien. D’emblée happée par ce qu’elle qualifie de “combat unique mêlant conscience écologique, lutte sociale et intelligence collective”, elle réussit la prouesse de tenir le spectateur en haleine pendant 1h15 sans jamais dévier de son sujet : les trois élus du personnel.

Les élus Cyrille, Julien et Arnaud, centre de gravité du film

“Le bon”, c’est Julien Sénécal, secrétaire CGT du CSE, embauché à l’usine depuis ses 19 ans. Dans sa famille, on est papetier de père en fils, ses aïeux ayant eux aussi vécu les heures les plus sombres de l’entreprise dans les années 80. Dans le rôle de “la brute”, Cyrille Briffault, délégué syndical et secrétaire du syndicat CGT. Le “truand”, c’est le sobriquet attribué par ces deux compères au cadre sans étiquette, Arnaud Dauxerre.

Les deux premiers affichent leur chasuble syndicale, lui reste toujours en retrait mais s’est engagé dans le sauvetage de l’usine avec autant d’ardeur que ceux qu’il dénomme “les copains”. Lui travaille “à Versailles” dans les bureaux de l’encadrement, eux s’activent “au Kremlin” dans le local syndical mais leur union donne lieu à un sauvetage industriel symbolique des tiraillements entre industrie lourde et transition écologique.

Le documentaire montre avec agilité et humanité la solidarité de ces trois-là, sans jamais tomber dans le pathos ou la lourdeur. Durant leurs 1 014 jours d’engagement pour le sauvetage du site, ils sont filmés dans leurs montagnes russes émotionnelles, passant du désespoir à la colère, de la détermination à la joie la plus pure. Suivre le trio devient jubilatoire quand les élus CGT se moquent gentiment du non-syndiqué, l’invitant par exemple à troquer son col blanc contre un t-shirt CGT…

L’usine et les élus filmés au plus près

Les liens tissés entre les élus par leur combat transpirent tout au long du film. Marianne Lère Lafitte parvient également à instaurer la proximité avec le spectateur en utilisant leurs vidéos diffusées aux salariés sur le réseau Snapchat. Elle insère également des vidéos de l’usine vide, filmées à la main par Arnaud Dauxerre. C’est donc au pas de l’élu que l’on déambule dans les ateliers. Le film use avec subtilité de longs plans de silence consacrés aux machines, montrant ainsi le non-sens d’une usine à l’arrêt.

Aucune voix off ne vient se placer entre le spectateur et les élus : le film les place en relation directe, impliquant toujours plus son public. On suit le trio dans les réunions en visioconférence avec les représentants de l’État, dans le local du CSE, sur le parking pour les assemblées générales avec les salariés ou encore lors de leurs déplacements en voiture. Leur visite aux salariés de la SAM (Société aveyronnaise de métallurgie) et aux GM&S (sous-traitant automobile) engagés eux aussi dans la défense de leur emploi, offre d’ailleurs une séquence d’anthologie en gros plans sur ces gueules ouvrières.

Chapelle Darblay, un modèle pour d’autres reconversions ?

Les élus ont dû aller chercher des soutiens : chez le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, mais aussi dans la confédération CGT. A l’époque, c’est Philippe Martinez, ex-secrétaire général, qui suit le dossier de près. Le film montre d’ailleurs les trois élus reçus à Montreuil, près de Paris, par le leader moustachu qui s’est également rendu à l’usine à plusieurs reprises (notamment pour fêter la victoire avec une bière et quelques saucisses). On croise également la secrétaire confédérale Nathalie Verdeil, devenue en mai 2023 secrétaire régionale de la CGT Normandie. Des associations environnementales sont aussi montrées au créneau sous la bannière de l’Alliance écologique et sociale (ancien collectif “Plus jamais ça”).

Aujourd’hui, l’usine semble sauvée par une alliance entre Veolia et Fibre Excellence. Mais de nouveaux déboires administratifs ont pointé leur vilain nez : Veolia, n’ayant pas d’activité de papetier, se voit contraint de retirer une partie de ses investissements. Il faudra donc réunir plusieurs millions d’euros pour pérenniser l’usine. L’entreprise s’est engagée à louer le site à son partenaire jusqu’à fin 2024. Le succès de Chapelle Darblay ne doit cependant pas faire oublier les autres sites menacés de fermeture alors qu’ils tiennent des rôles essentiels à l’aube de la transition écologique, comme le fabricant d’essieux ferroviaires Valdunes placé en redressement judiciaire le 20 novembre 2023.

Si la réalisatrice Marianne Lère Lafitte se défend d’avoir conçu un film militant, elle reconnaît à “L’Usine, le bon, la brute et le truand” des accents de “western social” mettant en scène une victoire qui peut servir de modèle. Elle entend d’ailleurs continuer à suivre le dossier en vue d’un second film qui montrera, lui aussi sans doute, l’utilité du combat syndical et le dévouement des élus du personnel. Toujours contre le silence des machines.

Le site du film : https://lusinelebonlabruteetletruand.nextfilmdistribution.com/

Marie-Aude Grimont

La liste des organismes habilités pour le congé de formation économique, sociale, environnementale et syndicale

09/01/2024

L’arrêté fixant la liste des centres, instituts et organismes spécialisés agréés dont les stages ou sessions ouvrent droit aux congés de formation économique, sociale environnementale et syndicale (CFESES) pour les années 2024, 2025 et 2026 est parue au Journal officiel du 29 décembre 2023. Cette liste (voir ci-dessous) est inchangée par rapport à la liste précédente résultant de l’arrêté en date du 25 janvier 2021.

Seule deux adresses ont été mises à jour : l’adresse de l’Institut de formation syndicale de Lyon dépendant de l’Université Lumière, Lyon 2  et celle de l’Institut syndical européen (ETUI) à Bruxelles. Rappelons que ces organismes sont également compétents en matière de formation des membres du CSE. 

Extrait de l’arrêté – La liste des organismes dont les stages ou sessions de formation consacrés à la formation économique, sociale, environnementale et syndicale ouvrent droit aux congés institués par les articles L. 2145-5 et suivants du code du travail et par les articles L. 2315-17 et L. 2315-63 du code du travail est fixée comme suit :
I.– Centres de formation des organisations syndicales de travailleurs reconnues représentatives au niveau national :
CGT : centre de formation dénommé « La Formation Syndicale C.G.T », 263, rue de Paris, 93516 Montreuil Cedex.
CFDT : institut confédéral d’études et de formation syndicale de la Confédération française démocratique du travail, 4, boulevard de la Villette, 75955 Paris Cedex 19.
CGT–FO : centre de formation de militants syndicalistes de la Confédération générale du travail – Force ouvrière, 141, avenue du Maine, 75680 Paris Cedex 14.
– CFTC : institut syndical de formation de la Confédération française des travailleurs chrétiens (ISF-CFTC), 45, rue de la Procession, CS 82348, 75739 Paris Cedex 15.
– CFE–CGC : centre de formation syndicale de la Confédération française de l’encadrement-CGC, 59-63, rue du Rocher, 75008 Paris.  
UNSA : centre d’études et de formation de l’union nationale des syndicats autonomes, 21, rue Jules-Ferry, 93170 Bagnolet.
– SOLIDAIRES : centre d’études et de formation interprofessionnel SOLIDAIRES, 31, rue de la Grange-aux Belles, 75010 Paris. II.
– II. – Instituts spécialisés :
– Institut du travail de l’Université de Strasbourg, 39, avenue de la Forêt-Noire, 67000 Strasbourg.
Institut des sciences sociales du travail de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 16, boulevard Carnot, 92340 Bourg-la-Reine.
Institut d’études sociales de l’UFR, Faculté d’économie de Grenoble, Université Grenoble Alpes, CS 40700, 38058 Grenoble Cedex 9.
Institut régional du travail, Aix Marseille Université, 63 La Canebière 13001 Marseille.
Institut de formation syndicale de Lyon, Université Lumière, Lyon 2, Campus Berges du Rhône, 16, quai Claude Bernard, 69007 Lyon.
Institut régional du travail de l’Université de Lorraine, 138, avenue de la Libération, BP 43409, 54015 Nancy Cedex.  
Institut du travail de l’Université de Bordeaux, Campus Montesquieu, 16, avenue Léon Duguit, 33608 Pessac Cedex.
Institut du travail de l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, 6, rue Basse-des-Rives, 42023 Saint-Etienne Cedex 2.
Institut des sciences sociales du travail de l’ouest – Université Rennes 2, Campus Villejean, Place du Recteur Henri-Le Moal, CS 24307, 35043 Rennes Cedex.  
Institut régional du travail de Toulouse Occitanie, Université Toulouse-Jean Jaurès, 5, allées Antonio Machado, 31058 Toulouse Cedex 9. 29 décembre 2023 
III. – Organismes spécialisés :  
Association Culture et Liberté, 5, rue Saint Vincent-de-Paul, 75010 Paris. – Institut régional d’éducation ouvrière des Hauts-de-France, 1, place Déliot, CS 10629, 59024 Lille Cedex.
Institut syndical européen (ETUI), boulevard du Jardin-Botanique 20, 1000 Bruxelles, Belgique.

Art. 2. – La présente liste est arrêtée pour les années 2024, 2025 et 2026 qui servent de référence pour la détermination des droits aux congés institués par les articles L. 2145-5 et suivants du code du travail. 

Source : actuel CSE

Deux manifestations en janvier contre la loi immigration

09/01/2024

Les 14 et 21 janvier, deux mobilisations sont organisées dans le but de dénoncer la loi immigration adoptée par le Parlement fin décembre 2023. Solidaires et diverses associations ont rejoint l’appel d’un collectif de sans-papiers pour la journée du 14 janvier. Le 21 réunira les confédérations CGT et CFDT en vue de réaffirmer “notre attachement à la devise de la République Liberté, égalité, fraternité”. A cette occasion, un appel à ne pas promulguer le texte a été signé par 201 personnalités des sciences et de la culture (lire la liste des signataires sur le site de la CFDT). Rappelons que la décision du Conseil constitutionnel sur la loi immigration est attendue le 25 janvier.

Source : actuel CSE