La CGT dénombre désormais 381 plans de licenciements en France
02/06/2025
En octobre 2024, la CGT a entamé un travail de décompte du nombre de plans sociaux en France. De 180 l’année dernière, le chiffre se porte désormais à 381 (dont 279 sites à caractère industriel) selon la secrétaire générale Sophie Binet et son équipe confédérale. Celle-ci ajoute que cela représente 37 156 emplois directs et 88 501 emplois indirects sur l’ensemble du territoire, et un cumul depuis septembre 2023 de 244 655 emplois, tout en reconnaissant que ces chiffres sont issus des implantations de la CGT en entreprises. Il pourrait donc se trouver en dessous de la réalité et constitue une “estimation minimale”. Sophie Binet met ces chiffres en rapport avec ceux annoncés par Emmanuel Macron lors du Sommet “Choose France”, à savoir 13 000 créations d’emploi.
Les secteurs principalement touchés par les plans sociaux sont selon la CGT le commerce, la chimie, le papier-carton et la métallurgie. Pour Sophie Binet, “un an après notre première carte des licenciements, nous n’avons reçu aucune réponse [du gouvernement] alors que nous avons présenté 200 plans à Michel Barnier puis 300 à François Bayrou, aujourd’hui nous voilà à près de 400 alors que les PME ne sont pas décomptées”.
La CGT revendique donc une conditionnalité des aides publiques aux entreprises avec avis conforme du CSE, un moratoire sur les licenciements et une réelle politique industrielle. Sophie Binet avait été exaucée par le ministre de l’industrie Marc Ferracci sur sa demande d’une cellule de crise. Il semble cependant que cette réunion hebdomadaire entre le ministère et les syndicats ne se soit tenue qu’une seule fois…
► La carte des licenciements dressée par la CGT :

Source : actuel CSE
La confédération syndicale internationale dénonce la dégradation des droits des travailleurs partout dans le monde
04/06/2025
Sur la base de son étude sur les violations des droits des travailleurs dans le monde, la Confédération syndicale internationale (CSI) dénonce “une guerre mondiale contre les droits du travail”. Les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord sont les pires régions du monde pour travailler, dit la CSI qui s’alarme également des reculs importants en Europe. La France est épinglée pour la lenteur de sa justice, pour les poursuites de syndicalistes et pour ses “référendums patronaux”.
À l’occasion de l’ouverture, le 2 juin, de la 113e session de l’Organisation internationale du travail (OIT), la Confédération syndicale internationale (CSI), qui représente 200 millions de travailleurs via 341 organisations syndicales affiliées dans 170 pays, a publié la 12e édition de son “’Indice CSI des droits dans le monde”, qui se revendique comme “la seule étude annuelle mondiale complète sur les violations des droits des travailleurs et travailleuses” (*).
Cette année, ce baromètre affiche “une profonde aggravation de la crise mondiale pour les travailleurs et les syndicats” : “En 2025, les notes moyennes des pays se sont détériorées dans trois des cinq régions du monde, l’Europe et les Amériques enregistrant leurs plus mauvais résultats depuis la création de l’Indice en 2014. Il est alarmant de constater que seuls 7 pays sur les 151 que compte l’Indice ont reçu la note maximale. Les données font apparaître une forte augmentation des violations des droits fondamentaux, notamment l’accès à la justice, le droit à la liberté d’expression et à la liberté de réunion, et le droit de négociation collective”.
Les pires régions et pays pour travailler
L’environnement international n’est guère porteur pour les droits et les libertés collectives, comme on pourra le constater sur les cartes ci-dessus et ci-dessous (Ndlr : les notes classent les pays de 1 à 5, du clair au sombre, le 1 dénotant des droits collectifs au travail globalement garantis et le 5 des droits non garantis en pratique, notamment dans des pays autoritaires et des pays où les institutions sont défaillantes).

Selon l’étude :
- 45 % des pays étudiés connaissent des des atteintes aux droits, à la liberté d’expression et à la liberté de réunion ;
- 72 % des pays n’offrent aux travailleurs qu’un accès limité, voire aucun, à la justice ;
- 80 % des pays ont restreint le droit à la négociation collective ;
- 87 % des pays violent le droit de grève, etc.
Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (avec une note moyenne de 4,68) sont les pires régions du Monde en matière de droit du travail, considère la CSI qui énumère ainsi les 10 pires pays pour les travailleurs : Bangladesh, Biélorussie, Birmanie, Équateur, Égypte, Eswatini, Nigéria, Philippines, Tunisie, Turquie.
L’Europe, malgré des reculs inquiétants notés par la CSI depuis 4 ans, reste au-dessus du lot avec une note de 2,78 en moyenne pour ses pays. Ce sont d’ailleurs 7 pays européens qui obtiennent la meilleure note de cet indice : Allemagne Autriche, Danemark, Irlande, Islande, Norvège, Suède.

La France voit sa note dégradée
Si notre pays n’est bien sûr pas le plus mal loti dans ce panorama, la France n’est néanmoins pas épargnée. Comme en 2024, Paris obtient la note 2, qui regroupe les pays connaissant “des violations réitérées des droits” (comme l’Italie, l’Australie, les Pays-Bas, le Japon, la Tchéquie, la Slovaquie), soit une note inférieure à celle des pays rangés dans la catégorie “violations sporadiques des droits” (comme l’Allemagne, le Danemark, la Suède, etc.)
La CSI estime que la France met à mal le droit à la négociation collective dans les PME en rendant possible l’adoption d’accords par la voie des référendums : ” En l’absence de représentants des travailleurs (c’est-à-dire pour la grande majorité des PME), les employeurs peuvent rédiger des conventions collectives et les soumettre au vote des travailleurs sans avoir accès aux conseils des syndicats. Selon les statistiques de 2024, 40,2 % des conventions collectives d’entreprise ont été adoptées par ce type de «référendum patronal». Cette pratique concerne 172 000 PME, qui emploient 4,5 millions de personnes”. Selon les calculs de la Confédération, “près de quatre accords collectifs sur dix ont été imposées unilatéralement par les employeurs, sans représentation syndicale” (**).
Justice trop complexe et trop lente
La CSI souligne également la difficulté pour les salariés français à obtenir réparation en justice : “listes d’attente dans les tribunaux excessivement longues”, “limites imposées pour l’indemnisation des licenciements abusifs (Ndlr : barème Macron) ce qui restreint sensiblement l’accès des travailleurs à la justice”. La Confédération déplore l’augmentation en Europe “des tactiques d’obstruction” à l’accès au droit des travailleurs : un accès à la justice de moins en moins abordable, une complexité exagérée des procédures, etc.
Par ailleurs, le rapport de la CSI déplore qu’en France, “plus de 1 000 dirigeants syndicaux et membres de la CGT aient fait l’objet de poursuites au pénal et de mesures disciplinaires pour le rôle qu’ils ont joué dans les manifestations de masse contre la réforme des retraites”.
La Confédération déplore les cas de convocations abusives comme celles subies par le secrétaire général du syndicat CGT de l’Allier, convoqué 33 fois au cours des deux dernières années, et les condamnations de responsables syndicaux, qui avaient participé à une opération “escargot” en 2023, pour “entrave à la circulation sur la voie publique”. Des syndicats français (CFDT à Rennes, CGT à Gennevilliers, dans le Puy-de-Dôme et en Occitanie) dont les locaux, déplore la CSI, ont été vandalisés par des individus d’extrême droite, des syndicalistes ayant reçu des menaces de mort.
Syndicalisme et démocratie
En conclusion, on pourra citer l’avant-propos du document de la CSI appelant à un sursaut contre les attaques portées à la démocratie, “de plus en plus souvent orchestrées par des démagogues d’extrême droite soutenus par des milliardaires déterminés à réorganiser le monde pour servir leurs propres intérêts, aux dépens des travailleurs ordinaires”. Et la confédération internationale de rappeler que le mouvement syndical, qui travaille à “un avenir plus juste pour tous”, constitue “le plus grand mouvement démocratique au monde”.
(*) Cet indice repose sur le recueil d’informations sur les violations des droits collectifs au travail, obtenu via un questionnaire envoyé à 340 syndicats dans 169 pays. Les faits sont confirmés par des contacts par courriel ou téléphone, des juristes et experts analysant les législations nationales. En se basant sur les 97 indicateurs issues de l’OIT, la CSI classe ensuite les pays en fonction de leur respect des droits collectifs au travail.
En France, la CFDT, la CGT, FO, la CGTR (confédération générale du travail de la Réunion) et l’UIR-CFDT (union interprofessionnelle de la Réunion) sont affiliées à la CSI.
(**) Dans son bilan 2023 de la négociation collective, la Direction générale du travail (DGT) dénombre 107 987 accords d’entreprise dont 20 140 textes validés par référendum de salariés, ceux-ci représentant 23,7 % du total.
Bernard Domergue
Nouvelles sanctions contre les chômeurs : la CGT dénonce une stigmatisation des allocataires du RSA
04/06/2025
La CGT réagit vivement à la parution du décret réformant le régime des sanctions à l’encontre des demandeurs d’emploi ne respectant pas leurs obligations. Ce texte, juge la confédération, participe de la volonté de “culpabiliser les travailleurs”.
Le syndicat s’indigne notamment du fait que ces sanctions viseront aussi les allocations du RSA. Ces personnes, explique la CGT, “qui vivent par définition sous le seuil de pauvreté, peuvent se voir suspendre tout ou partie de leurs seuls revenus pendant un mois, deux mois, quatre mois ou plus, au risque de les plonger dans une spirale infernale : surendettement, problèmes de santé, etc.”
Le syndicat déplore que le gouvernement entretient la confusion “entre la fraude réelle, extrêmement limitée, comme pour toutes les prestations sociales (0,3 % des 35 milliards d’allocations chômage selon France Travail), et le soi-disant manque de motivation ou les comportements des personnes privées d’emploi.
Et la CGT de réclamer, au regard “d’un taux de chômage qui remonte et qui éloigne davantage l’horizon du plein emploi”, “une politique de l’emploi public et industriel assurant notre souveraineté et garantissant les enjeux de transition écologique”.
Source : actuel CSE
Pour la CGT du ministère du travail, le décret sur les fortes chaleurs ne protégera pas les travailleurs
05/06/2025
Le décret et l’arrêté du 27 mai 2025 sur de nouvelles mesures de protection pour les salariés que doivent prendre les employeurs en cas de fortes chaleurs sont jugés insuffisants par le syndicat CGT du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle.
Le syndicat juge que ces dispositions se situent bien “en deçà des annonces du ministre Olivier Dussopt qui, en 2023, après plusieurs accidents mortels liés aux fortes chaleurs, “promettait de « renforcer les compétences de l’inspection du travail en cas d’épisode caniculaire »”.
La CGT observe notamment que le nouveau dispositif ne s’appliquera que lorsque Météo France diffusera des alertes pour vigilance “jaune”, “orange” ou “rouge”. Alors même que, “selon Santé Publique France, les accidents du travail en lien possible avec la chaleur ont été observés durant tout l’été”, donc y compris en période verte. “C’est d’autant plus absurde que les températures relevées au sein des locaux de travail ne sont pas toujours en lien direct avec la température extérieure”, ajoute la CGT en pointant les équipements qui produisent de la chaleur, les surfaces vitrées, les aérations insuffisantes, la non-isolation des toitures, etc.
Au lieu de la nouvelle mise en demeure préalable à un PV dans le cas où un agent constaterait l’insuffisance de mesures de prévention pour un risque d’atteinte à la santé des travailleurs, la CGT revendique que le manquement caractérisé aux préconisations relatives à la protection des travailleurs soit un motif d’arrêt d’activité ou de travaux.
► Voir l’analyse et la lettre ouverte de la CGT au ministère du travail
Source : actuel CSE
La CFTC demande la poursuite de Ma Prime Renov pour garantir les emplois du bâtiment
06/06/2025
La confirmation, par le ministre de l’économie, de la suspension en juillet prochain de “Ma prime Renov” inquiète non seulement le patronat du bâtiment mais aussi les organisations syndicales pour les effets possibles de cette décision sur l’emploi.
“Le gouvernement parle de « lutte contre la fraude » pour justifier une décision qui probablement cache une pure mesure de régulation budgétaire, sans considération pour l’activité économique, l’emploi et l’impact réel sur les finances publiques”, réagit ainsi la fédération Bati-Mat-TP CFTC. Le syndicat critique une “décision prise dans la précipitation”, qu’elle qualifie de “véritable coup de massue pour les salariés du bâtiment et les entreprises qui assurent la rénovation énergétique des logements en France”.
La CFTC demande “la réactivation immédiate du dispositif pour garantir la continuité des chantiers et la protection des emplois” et appelle les pouvoirs publics “à apporter des réponses concrètes et rapides, dans un esprit de dialogue et de responsabilité partagée”.
Source : actuel CSE