En 2019, un travailleur sur cinq exposé au bruit selon Santé Publique France
07/04/2025
En 2019, plus de cinq millions de travailleurs (5 334 860) étaient exposés à un niveau sonore supérieur à 70 décibels (dB) – “niveau à partir duquel le bruit est considéré, dans la littérature, comme pouvant être fatigant et [à partir duquel] il faut commencer à forcer la voix pour avoir une conversation normale” – sur huit heures de travail (niveau moyen journalier), estiment des chercheurs de Santé publique France dans une étude inédite (*) publiée le 1er avril. Soit 20,5 % de l’ensemble des travailleurs français.
Parmi eux, 64,2 % étaient exposés à un niveau non lésionnel (entre 70 et 80 dB, risque d’effets réversibles auditifs comme des acouphènes et extra-auditifs comme la fatigue ou des troubles cardiovasculaires) et 35,8 % à un niveau lésionnel (≥ 80 dB, risques d’atteintes auditives possiblement irréversibles allant jusqu’à la surdité). 85 % étaient des salariés et 15 % des non-salariés. Les hommes représentaient près de 80 % des exposés.
Côté secteurs, les travailleurs du BTP étaient les plus nombreux à être exposés à un niveau sonore supérieur à 70 dB sur huit heures (72,3 %). Ceux du travail des métaux présentaient la plus forte proportion de travailleurs exposés à un niveau lésionnel sur huit heures (67,1 %). 89,2 % des ouvriers non qualifiés travaillant par formage de métal étaient par exemple exposés à un bruit ≥ à 80 dB. Tous les secteurs sont passés au crible. “Ces résultats pourront être utiles aux acteurs de terrain pour orienter au mieux la prévention, en ciblant les secteurs avec le plus de personnes concernées ou avec les plus fortes proportions d’exposés”, concluent les chercheurs.
Plusieurs limites sont à noter. Il s’agit d’une évaluation moyennée par emploi “qui ne permet pas de prendre en compte des situations d’exposition spécifiques liées à une entreprise, à une organisation du travail ou à un poste de travail”. Le port des PICB (protecteurs individuels contre le bruit) n’a pas été pris en compte, notamment parce que “l’efficacité réelle des PICB est parfois bien différente de ce que le fabriquant peut annoncer et cela peut entraîner des biais de classement”, lit-on. Et le seuil de 70 dB n’est qu’indicatif. “Selon le besoin de concentration, la sensibilité personnelle ou encore le type de bruit, un professionnel peut se dire gêné […] à des niveaux inférieurs à 70 dB”, expliquent les chercheurs.
(*) Selon les auteurs, cette étude est la première à documenter l’exposition au bruit, détaillée selon le niveau de bruit, dans l’ensemble de la population des travailleurs en France, selon le statut, et quel que soit leur employeur, en 2019. Côté méthodologie, une matrice emplois-expositions (MEE) évaluant les expositions a été développée par Santé publique France, en distinguant le niveau non lésionnel et le niveau lésionnel. Elle a été croisée avec les données des recensements de population millésimés de 2007, 2013 et 2019.
Source : actuel CSE
Un rapport parlementaire préconise une meilleure prise en compte de la ménopause au travail
11/04/2025
Dans un rapport remis le 9 avril à Catherine Vautrin, la députée Stéphanie Rist formule une dizaine de propositions pour lever le tabou de la ménopause en entreprise. Un sujet quasi absent des politiques RH et des négociations collectives malgré ses impacts sur la vie professionnelle de millions de femmes.
La députée Stéphanie Rist (Ensemble pour la République) a remis, le mercredi 9 avril, à Catherine Vautrin, ministre du travail, de la santé et des solidarités, un rapport comprenant 25 propositions pour garantir une prise en charge adaptée de la ménopause. Une dizaine d’entre elles concernent particulièrement le monde du travail.
“Aujourd’hui, en France, à de rares exceptions, la ménopause n’est prise en compte ni dans les politiques managériales, ni dans le dialogue social”, constate la parlementaire dans son rapport. Elle souligne l’absence de cette question dans les négociations interprofessionnelles sur l’emploi des seniors, la qualité de vie au travail ou la retraite, qui ont fait “l’impasse” sur ce sujet alors qu’il concerne directement une grande partie des femmes en emploi dans cette tranche d’âge. “Au Royaume-Uni, par exemple, une femme sur cinq a pu prendre des jours de congé en raison de ses symptômes”, précise-t-elle.
Un sujet encore tabou dans les entreprises
Dans les entreprises françaises, le constat est tout aussi sévère : la ménopause demeure un sujet tabou. La députée a sollicité l’ANDRH (Association nationale des directeurs de ressources humaines) pour diffuser un questionnaire sur cette thématique auprès de son réseau. Seuls 35 DRH ont répondu, alors que l’association compte plus de 5 500 adhérents, un taux de participation révélateur du malaise entourant le sujet.
La grande majorité des sondés indique d’ailleurs que la ménopause n’est pas prise en compte dans les politiques RH de leur entreprise. “Ce constat met en évidence un manque de sensibilisation et d’intégration de cette problématique dans les stratégies de gestion des ressources humaines”, souligne Stéphanie Rist. Les DRH déclarent généralement ne pas avoir connaissance des bonnes pratiques en milieu professionnel, à l’exception de quelques initiatives comme la mise en place d’un kit de sensibilisation.
Seuls quelques-uns reconnaissent que la santé des femmes et la ménopause devraient être incluses dans les discussions sur l’emploi des seniors et les négociations collectives. Mais tous ne partagent pas ce point de vue.
Peu d’avancées dans le dialogue social
Côté syndical, la réflexion “n’est pas encore un sujet abouti”. Certes, plusieurs organisations syndicales ont d’ores et déjà commencé à travailler sur cette question, dans les branches professionnelles et les entreprises. Mais peu d’accords ont été conclus.
La Direction générale du travail (DGT) a recensé 34 accords collectifs entre 2021 et 2024 prévoyant un congé menstruel. Parmi ces dispositifs, un seul mentionne explicitement la prise en compte des périodes de ménopause en plus des menstruations. Il s’agit d’un accord conclu par l’association Les Eaux Vives-Emmaüs, signé le 24 juin 2024, qui prévoit un jour par mois fractionnable en demi-journées ou en heures. Ce congé est non cumulable avec d’autres congés, non reportable d’un mois à l’autre. Aucun délai de prévenance n’est nécessaire et il n’est pas requis de fournir un certificat médical. Les salariées ont également la possibilité de passer en télétravail.
À noter également un accord de gestion des emplois et des parcours professionnels d’une entreprise d’assurances qui mentionne “explicitement la prise en compte des besoins liés à l’âge, et en particulier de la ménopause”.
Des organisations patronales réticentes
Les organisations patronales ne sont pas convaincues de l’opportunité de faire de la ménopause un sujet de dialogue social. Si le Medef reconnaît l’importance de traiter la santé des femmes dans le monde du travail, y compris les effets de la ménopause, il rejette certaines mesures spécifiques comme des congés dédiés.
La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) considère qu’il s’agit d’une question relevant “avant tout de la sphère privée”. L’Union des entreprises de proximité (U2P) adopte une posture prudente, “considérant ce sujet comme secondaire par rapport à d’autres enjeux RH jugés prioritaires, tels que l’égalité salariale, la parentalité ou encore l’organisation du télétravail”.
Une dizaine de propositions concrètes
Pour inverser la tendance, le rapport formule une dizaine de propositions. Il conseille tout d’abord aux employeurs d’utiliser la visite médicale de mi-carrière au sein des services de prévention et de santé au travail (SPST) pour aborder d’éventuels symptômes de la ménopause et leur impact potentiel sur le travail.
Il préconise également des formations à tous les niveaux de management et aux ressources humaines afin de les sensibiliser sur le sujet. Le rapport recommande par ailleurs la prise en compte de la ménopause dans les évaluations des risques professionnels et la mise en place de mesures adaptées.
Plus globalement, la députée met en avant la nécessité d’évaluer le coût économique de la ménopause, d’intégrer cette question dans le 5e plan santé au travail (PST 5), de créer un guide “Ménopause sur le lieu de travail” à destination des managers et des salariés, et d’intégrer le sujet dans les politiques RH et managériales des grandes entreprises.
Selon Stéphanie Rist, 17 millions de femmes sont concernées par la ménopause en France. Or, l’arrêt du cycle ovarien a des conséquences significatives sur le bien-être professionnel : perturbations du sommeil, problèmes de concentration, fatigue accrue, modifications dans le rapport au collectif de travail… Autant d’aspects qui justifieraient, selon la parlementaire, une attention accrue des entreprises.
► En réaction au rapport, Catherine Vautrin a annoncé deux mesures : une meilleure prise en compte de la ménopause dans le monde professionnel, notamment via son intégration dans les visites médicales de mi-carrière (à 45 ans) et la commande d’une étude économique par France Stratégie pour mesurer les impacts de la ménopause sur l’activité professionnelle des femmes.
Anne Bariet
Téléconsultation des salariés : 95 % sont des arrêts de travail initiaux
11/04/2025
La Cour des comptes a publié, le mardi 8 avril 2025, un rapport sur les téléconsultations. Elle se penche notamment sur le recours au dispositif dans le cadre des arrêts de travail.
La Cour des comptes rappelle que depuis le 1er janvier 2024, la prescription ou le renouvellement d’un arrêt de travail en téléconsultation ne peut porter sur plus de trois jours ni avoir pour effet de porter à plus de trois jours la durée d’un arrêt de travail déjà en cours.
Seules exceptions : lorsque l’arrêt de travail est prescrit ou renouvelé par le médecin traitant de l’assuré ou par la sage-femme référente de l’assurée et en cas d’impossibilité, dûment justifiée par le patient, de consulter un médecin pour obtenir, par une prescription réalisée en sa présence, une prolongation de l’arrêt de travail.
À partir d’enquêtes menées en région Ile-de-France et Grand Est, il en ressort plusieurs données chiffrées :
- les prescriptions d’arrêt maladie délivrées en Ile-de-France par les plateformes sont moins nombreuses que celles délivrées à distance par des médecins généralistes libéraux (6 % des téléconsultations en Ile-de-France contre 10 % et 11 % contre 10 % en Grand Est) ;
- les arrêts de travail sont la plupart du temps des arrêts initiaux quand ils sont délivrés via les plateformes (95 % de l’ensemble des arrêts de travail prescrits), un peu moins souvent quand ils sont prescrits à distance par les médecins généralistes libéraux (entre 80 % et 87 %). En revanche, lorsque le médecin généraliste libéral n’est pas le médecin traitant, la part des arrêts initiaux (91 %) est proche de celle des sociétés de téléconsultation ;
- les médecins des plateformes prescrivent des arrêts de travail plus courts, quelle que soit leur nature. Des écarts de durée prescrite existent également selon que le médecin généraliste téléconsulté est ou non médecin traitant.
Source : actuel CSE