18 septembre : l’intersyndicale veut mobiliser contre tout nouveau budget impopulaire

01/09/2025

L’intersyndicale à 8 organisations a décidé d’une journée de grève et de manifestation le 18 septembre 2025. Une date mûrement choisie, destinée à montrer que quel que soit le Premier ministre en exercice, les syndicats comptent se mobiliser contre tout nouveau budget qui présenterait les mêmes mesures que celui de François Bayrou.

Pas une organisation syndicale n’a manqué à l’appel. C’est donc une intersyndicale au grand complet qui s’est réunie le vendredi 29 août (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU, Solidaires). Alors que leur réunion était initialement prévue le 1er septembre, la décision de François Bayrou de demander un vote de confiance les a poussés à avancer leur rendez-vous. Dans les locaux de la CFDT, les huit organisations syndicales ont décidé d’appeler à la manifestation et à la grève le 18 septembre prochain. S’il existe entre elles “des nuances” sur l’appel à tout bloquer le 10 septembre, cette date n’a semble-t-il pas fait l’objet de frictions. En revanche, plusieurs syndicats nous ont confirmé qu’une rencontre avec le patronat serait rapidement sollicitée.

Refuser tout budget similaire à celui de François Bayrou

Après avoir rappelé que l’actuel projet de budget présente des mesures “d’une brutalité sans précédent” et “unanimement condamnées par nos organisations”, le communiqué de presse intersyndical (en pièce jointe) déclamé par Marylise Léon (CFDT) est clair : “La construction d’un tout autre budget porteur d’espoir, de justice sociale et de justice fiscale est impérative”.

En un mot, l’intersyndicale condamne tout budget portant des mesures revenant sur les droits des salariés. Située dix jours après le 8 septembre, la date du 18 enjambe d’une certaine manière le résultat du vote de confiance à l’égard de François Bayrou afin de montrer que tout autre Premier ministre qui présenterait le même contenu rencontrerait en retour la même mobilisation syndicale.

“Il faudra un budget 2026 de toute façon. J’ai tendance à croire que toutes ces idées, même si le Premier ministre n’est plus là dans quelques jours, peuvent être reprises. On voit des pistes contestées déjà en 2017/2018 qui réapparaissent. C’est le problème des mauvaises idées : elles sont dures à éliminer”, nous a expliqué Marylise Léon.

L’idée de montrer les muscles bien après le 8 septembre émane également chez Frédéric Souillot (FO) pour la même raison : “Le 18 septembre, c’est pour rappeler à tous ceux qui vont réfléchir à un budget demain qu’on ne veut plus du concours Lépine des mauvaises idées. Il faut bien qu’on leur explique que ce n’est pas aux travailleurs de payer la facture”.

François Hommeril (CFE-CGC) partage ce point et vue et reste prudent sur l’issue du vote de confiance : “Le 8 septembre peut-être que Bayrou va démissionner mais on n’en sait rien. S’il ne démissionne pas, il devra entendre notre appel à manifester et si c’est un autre gouvernement, il lui faudra prendre en compte cette revendication sociale. L’agenda politique va se dérouler, mais on a le nôtre”.

Pourquoi le 18 septembre ?

Si les annonces de François Bayrou le 15 août on conduit l’intersyndicale à avancer sa réunion, l’idée du choix d’une journée nationale faisait son chemin dans toutes les têtes syndicales depuis mi-juillet. “Il a été question du 30 septembre et du 2 octobre mais nous nous sommes dit que c’était trop tard”, explique Marylise Léon.

De plus, le 18 se situe suffisamment loin du 10 septembre, date d’une journée de mobilisation intitulée “Bloquons tout” née sur les réseaux sociaux et agrégeant des comptes d’extrême droite, de La France Insoumise, de Gilets jaunes mais que certaines fédérations syndicales ont aussi choisi de rejoindre. En 8 jours, les manifestants auront le temps de récupérer des forces.

De l’avis unanime de l’intersyndicale, cette date du 18 est justifiée par la colère qui s’empare de l’opinion publique. Comme le dit Laurent Escure (Unsa) : “Quand on prend des coups sur la tête, on finit par voir l’impatience et la colère. On propose donc un cadre d’action et j’espère qu’il réunira les salariés du privé et les agents publics”.

FO opte pour la grève reconductible

“Aucune organisation ne manquait pour décider du 18 septembre. On a donc convenu de cette mobilisation par la grève et la manifestation, et pour FO c’est une grève reconductible”, a martelé Frédéric Souillot. Là encore, on perçoit la volonté d’ancrer le mouvement dans le temps, sans pouvoir prédire toutefois s’il sera aussi long que celui de 2023 contre le projet Macron de réforme des retraites. Rappelons que FO a déposé un préavis de grève courant du 1er septembre au 30 novembre.

À la CGT, Sophie Binet semble également ouverte à l’idée de la grève reconductible : “Cela se décidera sur le terrain, ce sont nos organisations qui décident avec des situations très différentes”. Il n’en pas encore question en revanche pour la CFDT, Marylise Léon priorisant le succès de la journée du 18 septembre et soulignant qu’au vu de l’incertitude politique, il sera nécessaire de s’adapter aux futurs événements.

À noter également que la dernière phrase du communiqué intersyndical indique : “Nos organisations restent en contact, conviennent de se revoir après cette journée (…) et se réservent la possibilité de prendre toute initiative nécessaire”. La porte est donc ouverte à de nouvelles journées de mobilisation.

Le 10 et le 18 septembre pas en concurrence

De l’avis des numéros un des huit organisations, le mouvement du 10 septembre ne fait pas entre eux l’objet de frictions. Le communiqué ne le mentionne pas mais y fait allusion par ces phrases : “Les travailleurs et travailleuses que nos organisations représentent sont en colère. La multiplication des mobilisations sous diverses formes le confirme”.

Pour Marylise Léon (CFDT), cette entente entre les syndicats sur la formulation est “le fruit d’une intersyndicale qui se réunit régulièrement depuis juillet 2022, donc on se connaît, on a appris à travailler ensemble et à se dire nos désaccords car il y a des nuances entre les organisations qui appellent au 10 [septembre]”.

Nous avons demandé à Sophie Binet (CGT) si elle ne craignait pas une dilution de ses militants entre le 10 et le 18. “Non, au contraire. Nous avons décidé du 18 septembre car la colère est énorme. Cette date intervient suffisamment tôt et la montée de la mobilisation montre qu’on peut y arriver. Le 10 septembre la CGT va contribuer en construisant des grèves dans les entreprises donc ce sera une étape pour construire une grande réussite le 18″, nous a-t-elle répondu”.

Pas de craintes non plus chez Solidaires, la seule organisation qui a explicitement appelé à rejoindre le 10 septembre. Selon Muriel Guilbert : “Cet appel au 10 était assez unanime dans nos structures mais nous avions aussi un mandat de grève intersyndical qui ne fasse pas comme si le 10 n’existait pas”.

La journée du 10 verra dons sans doute dans les rassemblements des Français de tous horizons. De l’avis de Frédéric Souillot, “le 10, on verra des badges de toutes les organisations syndicales, cela dépendra des endroits et des revendications. De plus, la phrase de notre communiqué n’oppose pas les mobilisations des uns et des autres”.

Vers une rencontre avec le patronat

Jeudi 28 août, lors de sa conférence de presse de la REF Medef, Patrick Martin a indiqué refuser de participer à la négociation interprofessionnelle relative aux jours fériés. Il rejoint donc l’opposition des organisations syndicales à ce sujet. “Cette négociation est morte, on a même réussi à embarquer le Medef”, s’est félicitée Marylise Léon qui reste cependant méfiante : “Cela ne veut pas dire qu’ils ne remettront pas les jours fériés dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale…”.

Mais de nombreuses questions se posent : le document d’orientation sur la négociation relative à la modernisation du marché du travail évoque une négociation sur le travail des jeunes ou encore les temps partiels subis. Selon Frédéric Souillot (FO), “on se dit qu’il faut qu’on revoie notre agenda autonome avec le patronat. Le thème du pacte productif a été évoqué cette semaine au Medef, cela pourrait en faire partie”.

Le patronat serait donc rapidement sollicité pour une rencontre avec les cinq syndicats représentatifs (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC). Selon Marylise Léon, “il faudra cependant attendre une stabilisation de la situation gouvernementale”. De plus, certains sujets se recoupent avec l’assurance chômage que souhaite aussi réformer François Bayrou.

Force Ouvrière envisage depuis plusieurs semaines d’attaquer en justice la lettre de cadrage imposée cet été par François Bayrou pour réformer de nouveau l’indemnisation des chômeurs. Cette idée d’en appeler aux tribunaux semble faire son chemin dans l’intersyndicale. La CFDT doit évoquer de rejoindre cette action lors de son bureau national de septembre. François Hommeril y est également favorable et dit “y réfléchir”. Et s’il refuse de participer à la négociation modernisation du marché du travail (que Marylise Léon qualifie de fourre-tout et à laquelle Frédéric Souillot est hostile), il se dit favorable à une négociation sur le travail “mais pas pour nous faire emmener sur un terrain comme les ordonnances de 2017 où on nous fait valider des régressions en échange d’un bonbon pour ensuite nous emmener dans un manoir hanté”.

Sur la négociation relative à la modernisation du marché du travail, Cyril Chabanier doit rencontrer Astrid Panosyan-Bouvet le 2 septembre. “Ce rendez-vous était prévu le 25 août mais nous avons dû l’ajourner à cause de la conférence de presse de François Bayrou”. Le président de la CFTC craint cependant n’avoir rien de nouveau à apprendre et risque fort de refuser cette négociation comme il a refusé celle sur les jours fériés…

Qu’en sera-t-il dans les transports ?

À la RATP, les quatre organisations syndicales représentatives CGT, FO, Unsa et CFE-CGC, appellent “à une journée de grève et de manifestation massive le 18 septembre donnant suite à l’appel de l’intersyndicale nationale”. Selon eux, ces syndicats représentent 90,1 % des agents. Le syndicat FO de la RATP a également diffusé son propre communiqué de presse dans lequel il considère que le “plan d’austérité” du gouvernement se situe dans “la droite ligne de la politique menée à la RATP et de l’ouverture à la concurrence qui détruit une entreprise de service public. Les cortèges seront semble-t-il assez fournis chez Force Ouvrière : la Fédération Générale des Travailleurs de l’Alimentation (FGTA) appelle aussi à la mobilisation (voir les documents en pièces jointes).

Budget : les revendications de l’intersyndicale
Le communiqué commun expose également les revendications de l’intersyndicale à insérer dans le prochain projet de budget, qu’il soit porté par François Bayrou ou par tout autre Premier ministre :

” Nous voulons :

– des moyens budgétaires à la hauteur des missions des services et des politiques publiques ;

– des mesures pour lutter contre la précarité et renforcer la solidarité ;

– des investissements dans une transition écologique juste et la réindustrialisation de la France et des mesures contre les licenciements ;

– la justice fiscale, avec la mise en place de dispositifs qui taxent les gros patrimoines et les très hauts revenus, contraignent le versement des dividendes et conditionnent fortement les aides aux entreprises

– une protection sociale de haut niveau et l’abandon de la retraite à 64 ans”.

Marie-Aude Grimont

Énergie : la CGT appelle à la grève dès aujourd’hui, FO s’en tient au 18 septembre

02/09/2025

Pas question d’attendre le 10 ou le 18 septembre pour l’une des fédérations les plus radicales de la CGT qui appelle à la grève dès aujourd’hui, la fédération de l’énergie. Dans une vidéo diffusée sur son site internet (à visionner ici), elle revendique principalement des hausses de salaires de 9 % ainsi que le retour de l’échelle mobile, à savoir l’indexation des salaires sur l’inflation. À noter que l’appel pourrait être suivi car la CGT constitue l’organisation syndicale majoritaire chez les électriciens et gaziers (EDF est une société anonyme de droit privé depuis 2004 et GRDF une filiale d’Engie). La fédération anticipe environ 200 piquets de grève aujourd’hui.

Côté Force Ouvrière, un communiqué diffusé hier s’en tient à la date intersyndicale du 18 septembre. FO Énergie voit dans les annonces du François Bayrou “des attaques directes contre le pouvoir d’achat des salariés, des jeunes, des retraités actuels et futurs” et exige “la construction d’un tout autre budget porteur d’espoir, de justice sociale et de justice fiscale (communiqué en ligne).

Source : actuel CSE

10 et 18 septembre : la fédération FO des transports ne veut pas d’une grève perlée

03/09/2025

La fédération FO des transports a indiqué hier dans un communiqué qu’elle “soutiendra ses adhérents, militants et syndicats qui vont prendre part aux actions et mobilisations du 10 septembre”. Elle prend aussi acte de l’initiative de l’intersyndicale qui appelle à la grève et aux manifestations le 18 septembre. Pour autant, elle n’est pas disposée à recommencer les “journées saute-mouton” qui selon elle “ne sont pas faites pour gagner un progrès social”, allusion à la mobilisation de 2023 contre la réforme des retraites qui n’avait pas empêché Emmanuel Macron de la faire passer en force devant le Parlement. Selon la fédération, “seul un rapport de force construit pour durer est à même de faire plier n’importe quelles tendances politiques”, évoquant ainsi implicitement la grève générale suivie pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines.

Source : actuel CSE

10 septembre : Solidaires lance sa campagne et défend l’action des CSE

05/09/2025

Gaëlle Martinez, Muriel Guilbert, Aurélien Boudon, le 4 septembre 2025

“Pas d’économies sur nos vies”, tel est le titre de la campagne de l’Union Syndicale Solidaires à l’approche de la mobilisation du 10 septembre. Au-delà de ses revendications contre un budget jugé injuste et hostile aux plus précaires, Solidaires défend aussi “la capacité d’agir des CSE” bien entamée par les ordonnances Macron.

Solidaires est la seule organisation syndicale ayant appelé explicitement ses militants et les salariés à rejoindre le mouvement du 10 septembre. La CFDT, la CFE-CGC et la CFTC ont préféré maintenir leurs distances, FO relevant que leurs revendications sont floues. La CGT a quant à elle souhaité que le 10 septembre soit “une première étape réussie”.

“L’unanimité des syndicats qui composent Solidaires a appelé, le 27 août dernier, à la grève du 10 septembre, en raison de la brutalité des mesures budgétaires et de la colère sociale qui s’exprime”, nous a indiqué Muriel Guilbert, co-déléguée de l’Union syndicale. On ne saurait être plus clair, et en effet, le communiqué de presse diffusé à cette occasion martelait “soutenir le mouvement « Bloquons tout » qui exprime la colère sociale multiforme et grandissante face aux annonces budgétaires du gouvernement Bayrou”.

Lors de l’intersyndicale du 29 août, nous avions demandé à Muriel Guilbert si elle ne craignait pas un éparpillement de ses militants entre le 10 septembre et la mobilisation du 18. Selon elle, aucun risque de ce côté puisque les militants lui ont donné mandat pour les deux dates.

Sur cette base bien établie, l’Union syndicale se met en ordre de marche et lance sa campagne “Pas d’économies sur nos vies”. Un slogan déjà diffusé pendant l’été qui englobe des revendications contre l’austérité et en faveur des salaires, sur la défense des arrêts maladie et des services publics, en particulier dans les transports. Mais les CSE ne sont pas oubliés.

Les CSE ne doivent pas être des “chambres d’enregistrement”

Parmi les revendications de Solidaires pour les mobilisations à venir, on trouve “la suppression des aides publiques aux entreprises sans condition sociale ni écologique”. Or, dans le projet de négociation de François Bayrou sur la modernisation du marché du travail, le Premier ministre proposait aux partenaires sociaux de réfléchir ensemble à une information du CSE sur le montant des aides perçues par les entreprises.

Cette proposition est largement insuffisante pour Solidaires. Certes, l’information des CSE serait nécessaire mais le syndicat souhaite surtout que les CSE ne deviennent pas “des chambres d ‘enregistrement”. Et Muriel Guilbert d’expliquer : “Nous voulons surtout redonner aux CSE la capacité d’agir car c’est ce qui leur manque cruellement en particulier depuis la réforme de 2017”. De plus, informer les CSE sur les aides publiques ne garantirait en rien, selon elle, que les directions d’entreprises respectent cette obligation si elle n’est pas sanctionnée.

En conclusion, Muriel Guilbert l’affirme : “On n’est pas dupes de ces annonces. Il faut derrière une contrainte, sinon ce ne sera pas effectif”.

Une campagne contre l’austérité budgétaire

Tout comme l’intersyndicale pour le 18 septembre, Solidaires défend une mobilisation contre les mesures d’austérité budgétaire, et ce, quel que soit le Premier ministre ou le gouvernement en exercice. “Ces mesures vont toucher les plus précaires et surtout les femmes, ce qui n’est pas assez dit dans les médias”, avance Muriel Guilbert qui rappelle que ces dernières perçoivent des pensions de 38 % inférieures à celles des hommes et qu’elles sont nombreuses à travailler dans la fonction publique, les hausses de point d’indice se faisant de moins en moins fréquentes.

Pour Gaëlle Martinez, secrétaire nationale de Solidaires dans la fonction publique, “les gouvernements Macron attaquent la fonction publique en oubliant qu’on applaudissait les soignants pendant la crise sanitaire”. Solidaires revendique également, pour tous les citoyens, un solide service public des transports : “Que l’on soit agent du public ou salarié du privé, nous sommes tous concernés, nous nous déplaçons pour travailler”. Selon le secrétaire national Aurélien Boudon, chaque thème fera l’objet d’un tract spécifique permettant de “sensibiliser largement dans le public comme dans le privé”.

Les salaires et la défense des arrêts maladie sont également au cœur de la campagne. Gaëlle Martinez revient sur les propos de Thomas Fatôme (directeur général de l’Assurance maladie), tenus cette semaine sur BFMTV, à savoir qu’une partie de la hausse des arrêts maladie serait liée en partie à la souffrance au travail. “Effectivement, une telle hausse dans un secteur ou une entreprise est révélatrice et souvent en lien avec une dégradation des conditions de travail qui mène à la souffrance, aux risques psychosociaux et aux arrêts de travail. C’est donc à cela qu’il faut s’attaquer, et non porter le discrédit sur les travailleurs”.

Les modalités d’action en question

Solidaires ne se prive pas d’une réflexion sur les modalités des actions à venir, qu’il s’agisse de grèves ou de manifestations. Muriel Guilbert assure avoir tiré les leçons de la mobilisation de 2023 contre la retraite à 64 ans : “Même s’il y a eu des tentatives de grèves reconductibles, notamment portées par la CGT et par Solidaire le 7 mars 2023, notre analyse de ce qui a manqué au mouvement, c’est un manque de grèves à ce moment-là”.

Par ailleurs, comme certaines fédérations syndicales comme FO Transports, Solidaires formule clairement son refus d’un retour aux “grèves perlées” de 2023, à savoir des journées aussi qualifiées de “saute-mouton” une ou deux fois par mois. “Il y a sur ce point une grande attente des militants et militantes”, conclue la co-déléguée. Solidaires étudiera pas à pas la position de l’intersyndicale sur ce sujet ainsi que sa propre stratégie de s’y inscrire ou pas.

L’irruption de violences, policières et manifestantes, reste également une hypothèse. “On sait que cela peut ressurgir, et on craint une nouvelle réponse de l’Etat par les violences policières afin de plaquer une symbolique d’illégitimité des expressions”, nous a confié Muriel Guilbert. Quant à la violence d’éventuels manifestants ou participants extérieurs à des blocages, la co-déléguée considère qu’elle n’est pas à placer au même plan que les violences des forces de police. Si le service d’ordre syndical permettra d’assurer la défense des manifestants, elle craint que les violences ne viennent surtout de participants d’extrême-droite.

Les propositions de Solidaires pour augmenter les recettes de l’Etat
 À l’occasion de cette campagne “Pas d’économies sur nos vies”, Solidaires présente 11 mesures destinées à augmenter les recettes de l’État :

– refondre le barème de l’impôt sur le revenu ; instaurer un impôt sur la fortune sur l’ensemble des actifs avec une assiette élargie ;

– plafonner les pactes d’actionnaires Dutreil (permettant une fiscalité avantageuse des porteurs de titres) ;

– mieux taxer l’héritage et les gros patrimoines ;

– adopter une taxe sur les superprofits de tous les secteurs ;

– supprimer le prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital ou à défaut en relever le taux ;
– stopper la baisse des impôts de production ;

– revoir les niches fiscales et sociales ;

– combattre résolument l’évasion fiscale ;

– taxer le rachat d’actions.

Plus de détails sur ces mesures et les revendications de Solidaires figurent dans le dossier de presse sur leur site internet. Le site du mouvement “Bloquons tout” met par ailleurs à jour une carte des sites de mobilisation.

 Marie-Aude Grimont

La CFTC ne se joint pas à l’appel du 10 septembre

05/09/2025

Si la CFTC joindra bien ses forces au cortège intersyndical du 18 septembre, il n’en sera pas de même du 10 (“Bloquons tout”). Selon son Président, Cyril Chabanier, “la CFTC reconnaît évidemment à ses adhérents le droit de se mobiliser en leurs noms et d’exprimer leurs colères”, mais les mots d’ordre sont “très flous quand ils ne sont pas contradictoires”. Il regrette que les leaders du mouvement “mettent parfois en cause la légitimité des partis politiques comme des syndicats”. Enfin, il dénonce “les appels à la ‘bordélisation’ récupérés par des présidentiables pressés”.

Cyril Chabanier croit au contraire dans “la mobilisation concertée, organisée par des collectifs légitimes car représentatifs (puisque élus), et dont le savoir-faire en la matière n’est plus à prouver”.

Source : actuel CSE